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Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 2.djvu/148

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Résurrection. Sect. II.

leur croissance de la substance de leurs prédécesseurs. Le corps d’un homme réduit en poussière, répandu dans l’air & retombant sur la surface de la terre devient légume, ou froment. Ainsi Caïn mangea une partie d’Adam ; Énoch se nourrit de Caïn, Irad d’Énoch, Maviael de Srad, Mathusalem de Maviael, & il se trouve qu’il n’y a aucun de nous qui n’ait avalé une petite portion de notre premier père. C’est pourquoi on a dit que nous étions tous anthropophages. Rien n’est plus sensible après une bataille ; non seulement nous tuons nos frères ; mais au bout de deux ou trois ans, nous les avons tous mangés quand on a fait les moissons sur le champ de bataille ; nous serons aussi mangés sans difficulté à notre tour. Or, quand il faudra ressusciter, comment rendrons-nous à chacun le corps qui lui appartenait sans perdre du nôtre ?

Voilà ce que disent ceux qui se défient de la résurrection, mais les ressusciteurs leur ont répondu très pertinemment.

Un rabbin nommé Samaï démontre la résurrection par ce passage de l’Exode, J’ai apparu à Abraham, à Isaac & à Jacob ; & je leur ai promis avec serment de leur donner la terre de Canaan. Or, Dieu, malgré son serment, dit ce grand rabbin, ne leur donna point cette terre ; donc ils ressusciteront pour en jouïr, afin que le serment soit accompli.

Le profond philosophe Dom Calmet trouve dans les Vampires une preuve bien plus concluante. Il a vu de ces Vampires qui sortaient