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Loix civiles et ecclésiastiques.

Que les impôts ne soient jamais que proportionnels.

Que la loi ne soit jamais en contradiction avec l’usage. Car si l’usage est bon, la loi ne vaut rien[1].


LUXE.



On a déclamé contre le luxe depuis deux mille ans, en vers & en prose, & on l’a toûjours aimé.

Que n’a-t-on pas dit des premiers Romains, quand ces brigands ravagèrent & pillèrent les moissons ; quand pour augmenter leur pauvre village, ils détruisirent les pauvres villages des Volsques, & des Samnites ? c’étaient des hommes désintéressés & vertueux ; ils n’avaient pu encor voler ni or, ni argent, ni pierreries, parce qu’il n’y en avait point dans les bourgs qu’ils saccagèrent. Leurs bois ni leurs marais ne produisaient ni perdrix, ni faisans, & on loue leur tempérance.

Quand de proche en proche ils eurent tout pillé, tout volé du fond du golfe Adriatique à l’Euphrate, & qu’ils eurent assez d’esprit pour jouïr du fruit de leurs rapines pendant sept à huit cents ans ; quand ils cultivèrent tous les arts, qu’ils goutèrent tous les plaisirs, & qu’ils les firent même goûter aux vaincus, ils cessèrent alors, dit-on, d’être sages & gens de bien.

Toutes ces déclamations se réduisent à prou-

  1. Voyez le poëme de la Loi naturelle.