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Messie.

condamnées comme apocryphes sous le pontificat d’Alexandre VII ; elles ne renferment que des histoires fabuleuses touchant la vie de Marie & de son fils.

Le nom de Messie accompagné de l’épithète de faux se donne encor à ces imposteurs qui dans divers tems ont cherché à abuser la nation juive. Il y eut de ces faux-Messies avant même la venue du véritable oint de Dieu. Le sage Gamaliel parle[1] d’un nommé Theudas, dont l’histoire se lit dans les Antiquités Judaïques de Joseph, liv. 20. chap. 2. Il se vantait de passer le Jourdain à pié sec ; il attira beaucoup de gens à sa suite ; mais les Romains étant tombés sur sa petite troupe la dissipèrent, coupèrent la tête au malheureux chef, & l’exposèrent dans Jérusalem.

Gamaliel parle aussi de Judas le Galiléen, qui est sans doute le même dont Joseph fait mention dans le 12e chap. du second livre de la guerre des Juifs. Il dit que ce faux prophète avait ramassé près de trente mille hommes ; mais l’hyperbole est le caractère de l’historien Juif.

Dès les tems apostoliques l’on vit Simon surnommé le magicien[2], qui avait su séduire les habitans de Samarie, au point qu’ils le considéraient comme la vertu de Dieu.

Dans le siècle suivant l’an 178 & 179 de l’ère chrétienne, sous l’empire d’Adrien, parut

  1. Act. Apost., c. v. 34. 35. 36.
  2. Act. Apost. c. 8. 9.