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Page:Voltaire - La Raison par alphabet, 6e édition, Cramer, 1769, tome 2.djvu/78

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Morale.

lumes où avez-vous pris cette sottise ? eh qu’est-ce donc que la morale de Socrate, de Zaleucus, de Curondas, de Cicéron, d’Épictète, de Marc-Antonin ?

Il n’y a qu’une morale, M. le Beau, comme il n’y a qu’une géométrie. Mais, me dira-t-on, la plus grande partie des hommes ignore la géométrie. Oui ; mais dès qu’on s’y applique un peu, tout le monde est d’accord. Les agriculteurs, les manœuvres, les artistes n’ont point fait de cours de morale ; ils n’ont lu ni de finibus, de Cicéron, ni les Éthiques d’Aristote ; mais sitôt qu’ils réfléchissent, ils sont sans le savoir les disciples de Cicéron ; le teinturier Indien, le berger Tartare, & le matelot d’Angleterre connaissent le juste & l’injuste. Confucius n’a point inventé un systême de morale, comme on bâtit un systême de physique. Il l’a trouvé dans le cœur de tous les hommes.

Cette morale était dans le cœur du préteur Festus quand les Juifs le pressèrent de faire mourir Paul qui avait amené des étrangers dans