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Page:Voltaire - Lettres philosophiques, t. 1, éd. Lanson, 1915.djvu/187

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COMMENTAIRE

1. Cette idée a pu être suggérée à Voltaire autant par l’opinion anglaise que par l’observation des faits. Bolingbroke l’a exprimée : « By trade and commerce we grew a rich and powerful nation » (Patriot King, 1749, dans Sichel, Bol. and his times, t. I, p. 273). De même Addison : « Trade… is absolutely necessary and essential to the safety, strength and prosperity of our nation » (The Freeholder, no 42). Cf. aussi l’essai du Spectateur sur le commerce (tr. franç., disc. 56, t. I, p. 366) : « … Je goûte un plaisir merveilleux à voir cette foule de négociants qui s’enrichissent eux-mêmes et qui travaillent à grossir le capital de la nation ». Les journaux anglais de 1726-32 sont pleins d’éloges du commerce et du négociant : il s’y mêle d’ailleurs plus d’une fois une arrière-pensée politique et électorale. « The navy of England is the proper Strength and Glory of England… This Nation owes all its wealth to its foreign Trade and Commerce » (The London Journal, no 370, Saturday August 27, 1726). Cf. encore la note 19. En 1758, à l’occasion d’une loi faite pour encourager les enrôlements volontaires dans la marine (cf. le Commentaire du Fragment d’une lettre anglaise, à la fin du second volume), Young publia une ode intitulée Ocean (annoncée dans le Daily Post, no 2722, Wednesday June 12, 1728). Le même Young en 1729, dans son Imperium pelagi, ode the first, the Merchant, 1729 (Poems, 1810, t. XIII de la coll. des English Poets, p. 520 et suiv.), écrivait :

Commerce brings riches, riches crown
Fair virtue with the first renown…
… Others may traffic, if they please :
Britain, fair daughter of the seas,
Is boni for trade…
Accomplish’d merchants are accomplish’d men…
Trade’s the source, sinew, soul of all,
’Twas trade at Blenheim fought and clos’d the war.
Trade springs from peace, and wealth from trade.
And power from wealth

Voltaire connaissait Young qu’il avait rencontré chez Doding-