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Page:Voltaire - Lettres philosophiques, t. 2, éd. Lanson, 1917.djvu/11

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plusieurs même (& ceux-là ne sont pas les plus Philo|sophes) [143] ont été choqués de cette comparaison seulement 50 parce que Descartes étoit Français.

Il faut avoir que ces deux grands hommes ont été bien différens l’un de l’autre dans leur conduite, dans leur fortune, & dans leur Philosophie.

Descartes étoit né avec une imagination vive & forte, 55 qui en fit un homme singulier dans la vie privée comme dans sa manière de raisonner ; cette imagination ne put se cacher même dans ses ouvrages philosophiques, où l’on voit à tout moment des comparaisons ingénieuses & brillantes7 ; la nature en avoit presque fait un Poëte, & 60 en effet il composa pour la Reine de Suede un divertissement en | vers, que pour l’honneur de sa mémoire on [144] n’a pas fait imprimer8.

Il essaïa quelque tems du métier de la guerre, & depuis étant devenu tout à fait Philosophe9, il ne crut pas indigne 65 de lui de faire l’amour. Il eût de sa maîtresse une fille nommée Francine qui mourut jeune, & dont il regretta beaucoup la perte ; ainsi il éprouva tout ce qui appartient. à l’humanité10.

Tl rrnt j^ng.tping gn^jj étoJt nécessaire de fuir^ l£& :. 70 hommes", &. surtout sa Patrie’^^ pour philosopher en liberté. Il avoit raison, les hommes de son tems n’en sçavoient pas assez pour l’éclairrr, & n’éioient guéres capables que de lui nuire.

Il quitta la France, parce | qu’il cherchoit la vérité qui y [145]

75 étoit persécutée alors par la misérable Philosophie de l’Ecole ; mais il ne trouva pas plus de raison dans les

49. jr dans [cette comparaison]

$4. ^4-K brillante [et forte] (^4^ se sépare de ^4 et donne brillante : cj. Ititrod., III) — S3 • S^-^^ sa fviej — 58. S4-K {sauf ji) à tous momens

6}. ^4^ omet et.

72. _J4 donne éclaircir. J’adopte éclairer qui est la leçon de }4^-K. — 74. 46-K omettent y.