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Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/102

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Traité ſur la Tolérance. Chap. XII.

les Juifs adorèrent toujours dans le Déſert Moloc, Remphan & Kium.Jérém. Chap. 7, v. 22. Jérémie dit expreſſément, que Dieu ne demanda aucun ſacrifice à leurs pères quand ils ſortirent d’Égypte. St. Etienne, dans ſon Diſcours aux Juifs,Actes des Ap. Ch. 7, v. 42. s’exprime ainſi : « Ils adorèrent l’Armée du Ciel, ils n’offrirent ni ſacrifices ni hoſties dans le Déſert pendant quarante ans, ils portèrent le Tabernacle du Dieu Moloc, & l’aſtre de leur Dieu Rempham. »

D’autres Critiques infèrent du culte de tant de Dieux étrangers, que ces Dieux furent tolérés par Moïſe, & ils citent en preuves ces paroles du Deutéronome : Deutér. Chap. 12, v. 8. Quand vous ſerez dans la Terre de Canaan, vous ne ferez point comme nous faiſons aujourd’hui, où chacun fait ce qui lui ſemble bon.[1]

  1. Pluſieurs Ecrivains concluent témérairement de ce paſſage, que le chapitre concernant le Veau d’or (qui n’eſt autre choſe que le Dieu Apis) a été ajouté aux livres de Moïſe, ainſi que pluſieurs autres Chapitres.

    Aben-Ezra fut le premier qui crut prouver que le Pentateuque avait été rédigé du temps des Rois. Volaſton, Colins, Tindale, Shaftſburi, Bolingbroke, & beaucoup d’autres ont allégué que l’art de graver ſes penſées ſur la pierre polie, ſur la brique, ſur le plomb, ou ſur le bois, était la ſeule manière d’écrire : ils diſent que, du temps de Moïſe, les Chaldéens et les Egyptiens n’écrivaient pas autrement, qu’on ne pouvait alors graver que d’une manière très-abrégée, & en hiéroglyfes, la ſubſtance des choſes qu’on