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Traité ſur la Tolérance. Chap. XIII.

qu’il réſervait au temps où il ne gouvernerait plus ſon Peuple. Ceux qui par ignorance prétendent que Moïſe enſeignait l’immortalité de l’âme, ôtent au Nouveau Teſtament un de ſes plus grands avantages ſur l’ancien. Il eſt conſtant que la Loi de Moïſe n’annonçait que des châtiments temporels juſqu’à la quatrième génération. Cependant, malgré l’énoncé précis de cette Loi, malgré cette déclaration expreſſe de Dieu, qu’il punirait juſqu’à la quatrième génération, Ézéchiel annonceÉzéch. Chap. 18, v. 20. tout le contraire aux Juifs, & leur dit, que le fils ne portera point l’iniquité de ſon père : il va mêmeEzéch. Chap. 20, v. 25. juſqu’à faire dire à Dieu, qu’il leur avait donné des préceptes qui n’étaient pas bons. [1]

    ractères, ou plutôt ils n’exprimaient pas les voyelles ; & les inventeurs des points n’ont fait qu’augmenter la difficulté. Chaque adverbe a vingt ſignifications différentes. Le même mot eſt pris en des ſens contraires. Ajoutez à cet embarras la ſéchereſſe & la pauvreté du langage : les Juifs, privés des Arts, ne pouvaient exprimer ce qu’ils ignoraient. En un mot, l’Hébreu eſt au Grec, ce que le langage d’un Payſan eſt à celui d’un Académicien.

  1. Le ſentiment d’Ézéchiel prévalut enfin dans la Synagogue ; mais il y eut toujours des Juifs qui, en croyant aux peines éternelles, croyaient auſſi que Dieu pourſuivait ſur les enfants les iniquités des pères. Aujourd’hui ils ſont punis par-delà la cinquantième génération, & ont encore les peines éternelles à craindre. On demande comment les deſcendants des Juifs, qui n’étaient pas complices de la mort de Jésus-Christ, ceux qui étant dans