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Traité ſur la Tolérance. Chap. XIV.

parents riches : en a-t-on jamais inféré, qu’on ne dût point en effet dîner avec ſes parents & ſes amis, dès qu’ils ont un peu de fortune ?

Jésus-Christ, après la parabole du feſtin, ditSt. Luc, Chap. 14, v. 26 & ſuiv. : Si quelqu’un vient à moi, & ne hait pas ſon père, ſa mère, ſes frères, ſes ſœurs, & même ſa propre âme, il ne peut être mon Diſciple, &c. Car qui eſt celui d’entre vous qui voulant bâtir une tour, ne ſuppute pas auparavant la dépenſe ? Y a-t-il quelqu’un dans le monde aſſez dénaturé, pour conclurre qu’il faut haïr ſon père & ſa mère ? & ne comprend-on pas aiſément que ces paroles ſignifient : Ne balancez pas entre moi & vos plus chères affections ?

On cite le paſſage de St. MathieuSt. Math, Chap. 8, v. 17. : Qui n’écoute point l’Égliſe, ſoit comme un Païen & comme un Receveur de la Douane. Cela ne dit pas aſſurément qu’on doive perſécuter les Païens, & les Fermiers des droits du Roi ; ils ſont maudits, il eſt vrai, mais ils ne ſont point livrés au bras ſéculier. Loin d’ôter à ces Fermiers aucune prérogative de Citoyen, on leur a donné les plus grands privilèges ; c’eſt la ſeule profeſſion qui ſoit condamnée dans l’Écriture, & c’eſt la plus favoriſée par les Gouvernements. Pourquoi donc n’aurions-nous pas pour nos frères errants autant d’indulgence