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Traité ſur la Tolérance. Chap. XXIV.

vous êtes un grand homme ; je vous trouve auſſi ſavant, pour le moins, que St. Auguſtin, & beaucoup plus éloquent ; mais pourquoi tant tourmenter votre Confrère, qui était auſſi éloquent que vous dans un autre genre, & qui était plus aimable ?

L’Auteur du ſaint Libelle ſur l’inhumanité n’eſt ni un Boſſuet, ni un Auguſtin ; il me paraît tout propre à faire un excellent Inquiſiteur ; je voudrais qu’il fût à Goa à la tête de ce beau Tribunal. Il eſt de plus homme d’État, & il étale de grands principes de politique. S’il y a chez vous, dit-il, beaucoup d’hétérodoxes, ménagez-les, perſuadez-les ; s’il n’y en a qu’un petit nombre, mettez en uſage la potence & les galères, & vous vous en trouverez fort bien. C’eſt ce qu’il conſeille, à la page 89 & 90.

Dieu merci, je ſuis bon Catholique ; je n’ai point à craindre ce que les Huguenots appellent le martyre : mais ſi cet homme eſt jamais premier Miniſtre, comme il paraît s’en flatter dans ſon Libelle, je l’avertis que je pars pour l’Angleterre, le jour qu’il aura ſes Lettres patentes.

En attendant, je ne puis que remercier la Providence de ce qu’elle permet que les gens de ſon eſpèce ſoient toujours de mauvais raiſonneurs. Il va juſqu’à citer Bayle parmi les partiſans de l’Intoléran-