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Traité ſur la Tolérance. Chap. XXV.

voques, & les cris d’une multitude inſenſée, ont ſurpris leur juſtice, de demander pardon à la veuve, & de réparer autant qu’il eſt en eux la ruine entière d’une famille innocente, en ſe joignant à ceux qui la ſecourent dans ſon affliction. Ils ont fait mourir le père injuſtement ; c’eſt à eux de tenir lieu de père aux enfants, ſuppoſé que ces orphelins veuillent bien recevoir d’eux une faible marque d’un très-juſte repentir. Il ſera beau aux Juges de l’offrir, & à la famille de le refuſer.

C’eſt ſur-tout au Sr. David, Capitoul de Toulouſe, s’il a été le premier perſécuteur de l’innocence, à donner l’exemple de remords. Il inſulta un père de famille mourant ſur l’échafaud. Cette cruauté eſt bien inouie ; mais puiſque Dieu pardonne, les hommes doivent auſſi pardonner à qui répare ſes injuſtices.

On m’a écrit du Languedoc cette Lettre du 20 Février 1763.

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Votre Ouvrage ſur la Tolérance me paraît plein d’humanité, & de vérité ; mais je crains qu’il ne faſſe plus de mal que de bien à la famille des Calas. Il peut ulcérer les huit Juges qui ont opiné à la roue : ils demanderont au Parle-