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Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/35

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Traité ſur la Tolérance. Chap. IV.

CHAPITRE IV.
Si la Tolérance eſt dangereuſe ; & chez quels Peuples elle eſt pratiquée.


QUelques-uns ont dit que ſi l’on uſait d’une indulgence paternelle envers nos frères errants, qui prient Dieu en mauvais Français, ce ſerait leur mettre les armes à la main, qu’on verrait de nouvelles batailles de Jarnac, de Moncontour, de Coutras, de Dreux, de St. Denis, &c. C’eſt ce que j’ignore, parce que je ne ſuis pas Prophète ; mais il me ſemble que ce n’eſt pas raiſonner conſéquemment, que de dire : «  Ces hommes ſe ſont ſoulevés quand je leur ai fait du mal, donc ils ſe ſoulèveront quand je leur ferai du bien.  »

J’oſerais prendre la liberté d’inviter ceux qui ſont à la tête du Gouvernement, & ceux qui ſont deſtinés aux grandes places, à vouloir bien examiner mûrement, ſi l’on doit craindre en effet que la douceur produiſe les mêmes révoltes que la cruauté a fait naître ; ſi ce qui eſt arrivé dans certaines circonſtances, doit arriver dans d’autres ; ſi les temps, l’opinion, les mœurs ſont toujours les mêmes ?

Les Huguenots, ſans doute, ont été enivrés de