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Traité ſur la Tolérance. Chap. V.

ſuada à la Cour de Rome que cette Bulle était néceſſaire, & que la Nation la déſirait ; elle fut ſignée, ſcellée & envoyée, on en fait les ſuites : certainement ſi on les avait prévues, on aurait mitigé la Bulle. Les querelles ont été vives, la prudence & la bonté du Roi les a enfin appaiſées.

Il en eſt de même dans une grande partie des points qui diviſent les Proteſtants & nous ; il y en a quelques-uns qui ne ſont d’aucune conſéquence, il y en a d’autres plus graves, mais ſur leſquels la fureur de la diſpute eſt tellement amortie, que les Proteſtants eux-mêmes ne prêchent aujourd’hui la controverſe en aucune de leurs Égliſes.

C’eſt donc ce temps de dégoût, de ſatiété, ou plutôt de raiſon, qu’on peut ſaiſir comme une époque & un gage de la tranquillité publique. La controverſe eſt une maladie épidémique qui eſt ſur ſa fin, & cette peſte, dont on eſt guéri, ne demande plus qu’un régime doux. Enfin l’intérêt de l’État eſt que des fils expatriés reviennent avec modeſtie dans la maiſon de leur père ; l’humanité le demande, la raiſon le conſeille, & la politique ne peut s’en effrayer.