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Traité ſur la Tolérance. Chap. IX.

ſecondaires, atteſté par cette formule, Deus optimus maximus, & ils auraient recherché ceux qui adoraient un Dieu unique !

Il n’eſt pas croyable que jamais il y eût une Inquiſition contre les Chrétiens ſous les Empereurs, c’eſt-à-dire, qu’on ſoit venu chez eux les interroger ſur leur créance. On ne troubla jamais ſur cet article ni Juif, ni Syrien, ni Égyptien, ni Bardes, ni Druides, ni Philoſophes. Les Martyrs furent donc ceux qui s’élevèrent contre les faux Dieux. C’était une choſe très ſage, très pieuſe de n’y pas croire ; mais enfin, ſi, non contents d’adorer un Dieu en eſprit & en vérité, ils éclatèrent violemment contre le culte reçu, quelque abſurde qu’il pût être, on eſt forcé d’avouer qu’eux-mêmes étaient intolérants.

Tertullien, dans ſon ApologétiqueChap. 39., avoue qu’on regardait les Chrétiens comme des facétieux ; l’accuſation était injuſte, mais elle prouvait que ce n’était pas la Religion ſeule des Chrétiens qui excitait le zèle des Magiſtrats. Il avoueChap. 35. que les Chrétiens refuſaient d’orner leurs portes de branches de laurier dans

    infinies. Principem mundi perfecta potentiæ & majeſtatis. Ouvrez ſurtout Platon, le maître de Cicéron dans la Philoſophie, vous y venez qu’il n’y a qu’un Dieu, qu’il faut l’adorer, l’aimer, travailler à lui reſſembler par la ſainteté & par la juſtice. Epictète dans les fers, Marc-Antonin ſur le Trône, diſent la même choſe en cent endroits.