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Traité ſur la Tolérance. Chap. IX.

nuit un vieillard envoyé de Dieu, accompagné d’une femme reſplendiſſante de lumière : cette femme était la Ste. Vierge, & ce vieillard était St. Jean l’Évan-

géliſte.

    aller au Temple. Ces hiſtoires de Gargantua ſont tous les jours fidèlement copiées. Aſſurément ces Rois étaient bien bons de venir de ſi loin ſervir ainſi de chevaux.

    Quant aux pyramides, & aux autres antiquités, elles ne prouvent autre choſe que l’orgueil & le mauvais goût des Princes d’Égypte, & l’eſclavage d’un Peuple imbécille, employant ſes bras, qui étaient ſon ſeul bien, à ſatisfaire la groſſière oſtentation de ſes Maîtres. Le gouvernement de ce Peuple, dans les temps mêmes que l’on vante ſi fort, paraît abſurde & tyrannique : on prétend que toutes les Terres appartenaient à leurs Monarques. C’était bien à de pareils eſclaves à conquérir le monde !

    Cette profonde ſcience des Prêtres Égyptiens eſt encore un des plus énormes ridicules de l’Hiſtoire ancienne, c’eſt-à-dire, de la Fable. Des gens qui prétendaient que dans le cours d’onze mille années le Soleil s’était levé deux fois au couchant, & couché deux fois au levant, en recommençant ſon cours, étaient ſans doute bien au-deſſous de l’Auteur de l’Almanach de Liège. La Religion de ces Prêtres qui gouvernaient l’État, n’était pas comparable à celle des Peuples les plus ſauvages de l’Amérique : on ſait qu’ils adoraient des crocodiles, des ſinges, des chats, des oignons ; & il n’y a peut-être aujourd’hui dans toute la terre que le culte du grand Lama qui ſoit auſſi abſurde.

    Leurs Arts ne valent guères mieux que leur Religion ; il n’y a pas une ſeule ancienne ſtatue Égyptienne qui ſoit ſupportable, & tout ce qu’ils ont eu de bon a été fait dans Alexandrie ſous les Ptolomées & ſous les Céſars, par