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Page:Voltaire - Traité sur la tolérance 1763.djvu/82

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Traité ſur la Tolérance. Chap. X.

CHAPITRE X.
Du danger des fauſſes légendes, & de la perſécution.


LE menſonge en a trop long-temps impoſé aux hommes ; il eſt temps qu’on connaiſſe le peu de vérités qu’on peut démêler à travers ces nuages de fables qui couvrent l’Hiſtoire Romaine, depuis Tacite & Suétone, & qui ont preſque toujours enveloppé les Annales des autres Nations anciennes.

Comment peut-on croire, par exemple, que les Romains, ce Peuple grave & ſévère, de qui nous tenons nos Loix, ayent condamné des Vierges Chrétiennes, des filles de qualité, à la proſtitution. C’eſt bien mal connaître l’auſtère dignité de nos Légiſlateurs, qui puniſſent ſi ſévèrement les faibleſſes des Veſtales. Les Actes ſincères de Ruinart rapportent ces turpitudes ; mais doit-on croire aux Actes de Ruinart, comme aux Actes des Apôtres ? Ces Actes ſincères diſent, après Bollandus, qu’il y avait dans la Ville d’Ancyre ſept Vierges Chrétiennes, d’environ ſoixante & dix ans chacune ; que le Gouverneur Théodecte les condamna à paſſer par les mains des jeunes gens de la Ville, mais que ces Vierges ayant été épar-