Page:Voltaire Dialogues philosophiques.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
dialogues philosophiques

plus elle a paru admirable. Nous lui avons fait aussi ressusciter quatre garçons et cinq filles : cela était important ; un homme qui ne ressuscite personne n’a guère que des succès médiocres. Laissez-nous au moins guérir de la colique quelques servantes de votre maison ; nous ne demandons que la permission d’un petit miracle : ne fait-on rien pour son ami ?


LE MANDARIN. — Je vous aime, je vous servirais volontiers, mais je ne peux mentir pour personne.


LE JÉSUITE. — Vous êtes bien dur, mais j’espère enfin vous convertir.


TROISIÈME CONFÉRENCE


LE JÉSUITE. — Oui, je veux bien convenir d’abord que vos lois et votre morale sont divines. Chez nous on n’a que de la politesse pour son père et sa mère ; chez vous on les honore et on leur obéit toujours. Nos lois se bornent à punir les crimes ; les vôtres décernent des récompenses aux vertus. Nos édits, pour l’ordinaire, ne parlent que d’impôts, et les vôtres sont souvent des traités de morale. Vous recommandez la justice, la fidélité, la charité, l’amour du bien public, l’amitié. Mais tout cela devient criminel et abominable si vous ne pensez pas comme nous ; et c’est ce que je m’engage à vous prouver.