Page:Voltaire Dialogues philosophiques.djvu/117

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UN jour, un juif de bon sens et un chrétien comparurent devant un sénateur éclairé, en présence du sage Marc-Aurèle, qui voulait s’instruire de leurs dogmes. Le sénateur les interrogea l’un après l’autre.


LE SÉNATEUR au chrétien. — Pourquoi troublez-vous la paix de l’empire ? pourquoi ne vous contentez-vous pas, comme les Syriens, les Égyptiens et les Juifs, de pratiquer tranquillement vos rites ? pourquoi voulez-vous que votre secte anéantisse toutes les autres ?


LE CHRÉTIEN. — C’est qu’elle est la seule véritable. Nous adorons un Dieu juif, né dans un village de Judée, sous l’empereur Auguste, l’an de Rome 752 ou 756 ; son père et sa mère furent inscrits, selon le divin saint Luc, dans ce village, lorsque l’empereur