Page:Voltaire Dialogues philosophiques.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
dialogues philosophiques

juive, ses miracles faits à la vue du monde entier, dans un coin de la Galilée ; sa vie écrite hors de Jérusalem, cinquante ans après qu’il eut été supplicié à Jérusalem ; le logos de Platon que nous avons identifié avec Jésus ; enfin les enfers dont nous menaçons quiconque ne croira pas en lui et en nous ; tout ce grand tableau de vérités lumineuses démontre que l’empire romain nous sera soumis, et que le trône des Césars deviendra le trône de la religion chrétienne.


LE SÉNATEUR. — Cela pourrait arriver. La populace aime à être séduite ; il y a toujours au moins cent gredins imbéciles et fanatiques contre un citoyen sage. Vous me parlez des miracles de votre Dieu : il est bien certain que si on se laisse infatuer de prophéties et de miracles joints au logos de Platon ; si on fascine ainsi les yeux, les oreilles et l’esprit des simples ; si à l’aide d’une métaphysique insensée, réputée divine, on échauffe l’imagination des hommes, toujours amoureux du merveilleux, certes on pourra parvenir un jour à bouleverser l’empire. Mais, dites-nous, quels sont les miracles de votre Juif-Dieu.


LE CHRÉTIEN. — Le premier est que le diable l’emporta sur une montagne ; le second, qu’étant à une noce de paysans où tout le monde était ivre, et tout le vin ayant été bu, il changea en vin l’eau qu’il fit mettre dans des cruches ; mais le plus beau