juive, ses miracles faits à la vue du monde entier, dans un coin de la Galilée ; sa vie écrite hors de Jérusalem, cinquante ans après qu’il eut été supplicié à Jérusalem ; le logos de Platon que nous avons identifié avec Jésus ; enfin les enfers dont nous menaçons quiconque ne croira pas en lui et en nous ; tout ce grand tableau de vérités lumineuses démontre que l’empire romain nous sera soumis, et que le trône des Césars deviendra le trône de la religion chrétienne.
LE SÉNATEUR. — Cela pourrait arriver. La populace
aime à être séduite ; il y a toujours au moins
cent gredins imbéciles et fanatiques contre un
citoyen sage. Vous me parlez des miracles de votre
Dieu : il est bien certain que si on se laisse infatuer
de prophéties et de miracles joints au logos de Platon ;
si on fascine ainsi les yeux, les oreilles et l’esprit
des simples ; si à l’aide d’une métaphysique insensée,
réputée divine, on échauffe l’imagination
des hommes, toujours amoureux du merveilleux,
certes on pourra parvenir un jour à bouleverser
l’empire. Mais, dites-nous, quels sont les miracles
de votre Juif-Dieu.
LE CHRÉTIEN. — Le premier est que le diable
l’emporta sur une montagne ; le second, qu’étant
à une noce de paysans où tout le monde était ivre,
et tout le vin ayant été bu, il changea en vin l’eau
qu’il fit mettre dans des cruches ; mais le plus beau