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dialogues philosophiques

au-dessus des autres évêques, parce que Jésus lui dit un jour, à ce qu’on prétend : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon assemblée.

« Certainement Jésus, malgré l’équivoque, ne songea jamais à se faire regarder comme fils de Dieu au pied de la lettre, ainsi qu’Alexandre, Bacchus, Persée, Romulus. L’Évangile attribué à Jean dit même positivement qu’il fut reconnu par Philippe et Nathanaël pour fils de Joseph, charpentier du village de Nazareth.

« D’autres chrétiens lui ont composé des généalogies ridicules et toutes contradictoires, sous le nom de Matthieu et de Luc : ils disent que Mirja ou Maria l’enfanta par l’opération d’un esprit, et en même temps ils donnent la généalogie de Joseph, son père putatif ; et ces deux généalogies sont absolument différentes dans les noms et dans le nombre de ses prétendus ancêtres : il est bien sûr, sacrée majesté, qu’une imposture si énorme et si ridicule aurait été pour jamais ensevelie dans la fange où le christianisme est né, si les chrétiens n’avaient pas rencontré dans Alexandrie des platoniciens dont ils ont emprunté quelques idées, et s’ils n’avaient appuyé leurs mystères par cette philosophie dominante ; c’est là ce qui les a fait réussir auprès de ceux qui se payent de grands mots et de chimères philosophiques.

« C’est avec je ne sais quelle trinité de Platon, avec je ne sais quels mystères emphatiques touchant le Verbe, qu’on en imposa à la multitude ignorante,