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dialogues philosophiques

Jésus a prédit que dans la génération où il vivait la terre serait détruite, et qu’il viendrait dans les nuées avec une grande puissance et une grande majesté. L’apostat Saül l’a prédit de même ; il a écrit aux fanatiques de Thessalonique qu’ils iraient avec lui dans les airs au-devant de Jésus.

« Cependant le monde dure encore ; mais les chrétiens en attendent toujours la fin prochaine ; ils voient déjà de nouveaux cieux et une nouvelle terre se former : deux insensés, nommés Justin et Tertullien, ont déjà vu de leurs yeux, pendant quarante nuits, la nouvelle Jérusalem dont les murailles, disent-ils, avaient cinq cents lieues de tour, et dans laquelle les chrétiens doivent habiter pendant mille ans et boire d’excellent vin d’une vigne dont chaque cep produira dix mille grappes, et chaque grappe dix mille raisins.

« Que votre majesté ne s’étonne point s’ils détestent Rome et votre empire, puisqu’ils ne comptent que sur leur nouvelle Jérusalem. Ils se font un devoir de ne jamais faire de réjouissance publique pour vos victoires ; ils ne couronnent point de fleurs leurs portiques, ils disent que c’est une idolâtrie. Nous, au contraire, nous n’y manquons jamais. Vous avez daigné même recevoir nos présents ; nous sommes des vaincus fidèles, et ils sont des sujets factieux. Daignez juger entre eux et nous. »


L’empereur alors se tourna vers le sénateur, et lui dit :