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dialogues philosophiques

pable. Telle est, par exemple, l’histoire de la nouvelle ville de Jérusalem bâtie dans l’air, dont les murailles avaient cinq cents lieues de tour et de hauteur, qui se promenait sur l’horizon pendant toute la nuit, et qui disparaissait au point du jour. Telle est la querelle de Pierre et de Simon le Magicien devant Néron ; tels sont cent contes non moins absurdes.

Que de miracles puérils on a forgés ! que de faux martyres, que de légendes ridicules ! Portenta judaïca rides.

Comment celui qui a écrit la légende de Luc, sous le nom de bonne nouvelle, a-t-il eu le front de dire, au chap. xxi, que la génération dans laquelle il vivait ne passerait pas sans que les vertus des cieux fussent ébranlées ; sans qu’il y eût des signes dans le soleil, dans la lune, et dans les étoiles ; sans qu’enfin Jésus vînt dans les nuées avec une grande puissance et une grande majesté ? Certainement il n’y eut ni signe dans le soleil, dans la lune, et dans les étoiles, ni de vertu des cieux ébranlée, ni de Jésus venant majestueusement dans les nuées.

Comment le fanatique qui rédigea les Épitres de Paul est-il assez téméraire pour lui faire dire : « J’ai appris de Jésus que nous qui vivons nous sommes réservés pour son avènement : sitôt que le signal aura été donné par la trompette, ceux qui sont morts en Jésus ressusciteront les premiers ; puis nous autres qui sommes vivants nous serons emportés avec eux dans l’air pour aller au-devant de Jésus » ?