réprouvent toutes ces nouveautés scandaleuses et funestes ; ils sont partout soumis aux magistrats, et l’Église romaine lutte depuis huit cents ans contre les magistrats. Si les protestants se trompent comme les autres dans le principe, ils ont moins d’erreurs dans les conséquences ; et, puisqu’il faut traiter avec les hommes, j’aime à traiter avec ceux qui trompent le moins.
LE CALOYER. — Il semble que vous choisissiez
une religion comme on achète des étoffes chez les
marchands ; vous allez chez celui qui vend le moins
cher.
L’HONNÊTE HOMME. — Je vous ai dit ce que je
préférerais, s’il me fallait faire un choix selon les
règles de la prudence humaine ; mais ce n’est point
aux hommes que je dois m’adresser, c’est à Dieu
seul ; il parle à tous les cœurs ; nous avons tous un
droit égal à l’entendre. La conscience qu’il a donnée
à tous les hommes est leur loi universelle. Les hommes
sentent d’un pôle à l’autre qu’on doit être juste,
honorer son père et sa mère, aider ses semblables,
tenir ses promesses ; ces lois sont de Dieu, les simagrées
sont des mortels. Toutes les religions diffèrent
comme les gouvernements ; Dieu permet les uns et
les autres. J’ai cru que la manière extérieure dont
on l’adore ne peut le flatter ni l’offenser, pourvu que
cette adoration ne soit ni superstitieuse envers lui,
ni barbare envers les hommes.