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dialogues philosophiques

payais comme eux le corban ; je faisais comme eux la pâque, mangeant debout un agneau cuit dans des laitues. Moi et mes amis nous allions prier dans le temple ; mes amis même fréquentèrent ce temple après ma mort ; en un mot, j’accomplis toutes leurs lois sans en excepter une.

— Quoi ! ces misérables n’avaient pas même à vous reprocher de vous être écarté de leurs lois ?

— Non, sans doute.

— Pourquoi donc vous ont-ils mis dans l’état où je vous vois ?

— Que voulez-vous que je vous dise ! ils étaient fort orgueilleux et intéressés. Ils virent que je les connaissais ; ils surent que je les faisais connaître aux citoyens ; ils étaient les plus forts ; ils m’otèrent la vie : et leurs semblables en feront toujours autant, s’ils le peuvent, à quiconque leur aura trop rendu justice.

— Mais, ne dîtes-vous, ne fîtes-vous rien qui pût leur servir de prétexte ?

— Tout sert de prétexte aux méchants.

— Ne leur dîtes-vous pas une fois que vous étiez venu apporter le glaive et non la paix ?

— C’est une erreur de copiste ; je leur dis que j’apportais la paix et non le glaive. Je n’ai jamais rien écrit ; on a pu changer ce que j’avais dit sans mauvaise intention.

— Vous n’avez donc contribué en rien par vos discours, ou mal rendus, ou mal interprétés, à ces