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dialogues philosophiques

ensemble et diviser les juges du sanhédrin, dont la moitié croyait la résurrection, et l’autre ne la croyait pas.

Voilà, je vous l’avoue, un singulier apôtre ; c’est pourtant le même homme qui ose dire « qu’il a été ravi au troisième ciel, et qu’il y a entendu des paroles qu’il ne peut pas rapporter. » (II Cor., chap. xii, v. 2, 4.)

Le voyage d’Astolphe dans la lune est plus vraisemblable, puisque le chemin est plus court. Mais pourquoi veut-il faire accroire aux imbéciles auxquels il écrit qu’il a été ravi au troisième ciel ? C’est pour établir son autorité parmi eux ; c’est pour satisfaire son ambition d’être chef de parti ; c’est pour donner du poids à ces paroles insolentes et tyranniques : « Si je viens encore une fois vers vous, je ne pardonnerai ni à ceux qui auront péché ni à tous les autres. » (II Cor., chap. xiii, v. 2.)

Il est aisé de voir dans le galimatias de Paul qu’il conserve toujours son premier esprit persécuteur, esprit affreux qui n’a fait que trop de prosélytes. Je sais qu’il ne commandait qu’à des gueux ; mais c’est la passion des hommes de vouloir s’élever au-dessus de leurs semblables, et de vouloir les opprimer ; c’est la passion des tyrans. Quoi ! Paul, Juif, faiseur de tentes, tu oses écrire à des Corinthiens que tu puniras ceux mêmes qui n’auront pas péché ! Néron, Attila, le pape Alexandre VI, ont-ils jamais proféré de si abominables paroles ? Si Paul écrivait ainsi, il méritait un châtiment exemplaire. Si des