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dialogues philosophiques

jours vaut cent mille écus de rente, tandis qu’un curé de campagne n’a ni de quoi assister les pauvres, ni de quoi se secourir lui-même.

Le meilleur gouvernement est, sans contredit, celui qui n’admet que le nombre de prêtres nécessaire ; car le superflu n’est qu’un fardeau dangereux. Le meilleur gouvernement est celui où les prêtres sont mariés, car ils en sont meilleurs citoyens ; ils donnent des enfants à l’État, et les élèvent avec honnêteté : c’est celui où les prêtres n’osent prêcher que la morale ; car, s’ils prêchent la controverse, c’est sonner le tocsin de la discorde.

Les honnêtes gens lisent l’histoire des guerres de religion avec horreur ; ils rient des disputes théologiques comme de la farce italienne. Ayons donc une religion qui ne fasse ni frémir ni rire.

Y a-t-il eu des théologiens de bonne foi ? Oui, comme il y a eu des gens qui se sont crus sorciers.

M. Deslandes, de l’Académie des sciences de Berlin, qui vient de nous donner l’Histoire de la philosophie, dit, au tome III, page 299 : « La faculté de théologie me paraît le corps le plus méprisable du royaume ; » il deviendrait un des plus respectables s’il se bornait à enseigner Dieu et la morale. Ce serait le seul moyen d’expier ses décisions criminelles contre Henri III et le grand Henri IV.

Les miracles que des gueux font au faubourg Saint-Médard peuvent aller loin, si M. le cardinal de Fleury n’y met ordre. Il faut exhorter à la paix, et défendre sévèrement les miracles.