Page:Volterra - Henri Poincaré l'oeuvre scientifique, l'oeuvre philosophique, 1914.djvu/217

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titution d’un semblable langage permettant d’exprimer avec précision et généralité les rapports de plus en plus complexes que l’expérience nous révèle. Nous construisons les hypothèses et les principes comme on choisit les mots et les règles, d’une langue, nous les adaptons progressivement ou les modifions s’il est nécessaire pour donner à l’expression plus de rapidité et de précision à la fois, pour lui permettre de rendre des idées nouvelles ou de nouveaux aspects de la réalité.

Comme une même idée peut être traduite en des langues différentes, plus ou moins claires d’ailleurs, des théories en apparence distinctes peuvent représenter les mêmes faits, inégalement bien peut-être, c’est-à-dire avec une inégale aptitude à s’assimiler des vérités nouvelles : seule la commodité d’emploi et la faculté d’adaptation nous donneront des raisons de préférer les unes aux autres.

Mais si la forme du langage est dans une certaine mesure arbitraire, il ne faut pas cesser, comme le firent ceux qui comprirent mal la pensée de Poincaré, de voir, à travers les symboles changeants, la réalité profonde qu’ils expriment, ces rapports révélés par l’expérience et que notre science a pour but de symboliser au moyen de notions et de liaisons