Page:Volterra - Henri Poincaré l'oeuvre scientifique, l'oeuvre philosophique, 1914.djvu/265

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lois sont immuables. Si en effet il était un jour reconnu qu’une loi, regardée jusqu’alors comme absolue, n’a en réalité qu’une valeur transitoire, on imaginerait aussitôt une nouvelle loi, plus générale et plus compréhensive, dans laquelle viendrait se fondre la loi tombée en disgrâce. Les mathématiques nous donnent l’assurance que l’on pourra toujours procéder ainsi. En effet, l’ensemble des lois qui régissent un groupe de phénomènes s’expriment par un système d’équations différentielles ; par conséquent, déclarer que les lois varient avec le temps, c’est déclarer que les équations différentielles dépendent du temps, c’est-à-dire renferment la variable t (qui représente le temps) ; mais il est toujours possible de remplacer un système d’équations dépendant de t par un système équivalent qui ne contient pas t : ce nouveau système définira un ensemble de lois immuables dont les effets sont identiques aux lois variables d’où l’on est parti.

Cette argumentation nous montre que, pour Poincaré, le mot loi ne saurait avoir plusieurs sens. Les lois naturelles, selon lui, sont, comme toutes les lois, le fait du savant : affirmation un peu surprenante en apparence, car ce qu’on appelle d’ordinaire « loi naturelle »,