Page:Volterra - Henri Poincaré l'oeuvre scientifique, l'oeuvre philosophique, 1914.djvu/254

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d’inertie. Les principes ne peuvent pas être vérifiés. On ne pourrait en effet les éprouver par l’expérience et le raisonnement combinés qu’en leur donnant une valeur absolue, en les appliquant jusqu’au bout et à l’ensemble de l’Univers. Or, lorsque l’on donne aux principes une pareille extension, on s’aperçoit qu’ils ne peuvent plus être ni vrais ni faux. Ils s’évanouissent et se réduisent à de simples tautologies. Concluons de là que les principes sont hors de toute atteinte, mais aussi qu’il pourra être opportun de les abandonner un jour ou l’autre si nous avons à étudier des phénomènes qui nous obligent à étendre outre mesure leur champ d’application ; il se pourrait en effet que, dans ces conditions nouvelles, les principes perdissent toute leur fécondité.

    graves difficultés au sein même de la mécanique rationnelle. Si, par exemple, nous faisons abstraction des corps célestes et étudions en eux-mêmes les mouvements terrestres, il semble que ces mouvements ne devraient pas dépendre du mouvement absolu, par conséquent de la rotation. de la terre : or, ils en dépendent ; faut-il donc abandonner le principe de relativité et admettre, comme Newton, que l’existence de l’espace absolu peut être démontrée ? Poincaré montre que la difficulté n’est qu’apparente et que la déduction de Newton n’est point rigoureuse. Sans doute, diverses considérations pratiques incitent les mécaniciens à raisonner et à calculer comme s’il existait un espace absolu ; mais ce n’est là qu’une hypothèse commode, et une hypothèse qui, au point de vue purement philosophique, n’est point même, semble-t-il, la plus satisfaisante qu’on puisse faire.