Page:Von Kotzebue - Souvenirs de Paris en 1804, tome 1.djvu/174

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DE PARIS.

réfuter, convaincu que je suis que l’envie reçoit toujours plus volontiers les impressions de la calomnie que celles de la vérité, c’est que j’ai été entraîné plutôt par mes propres sensations que par l’espérance de tromper les envieux. J’ai appelé madame Récamier bonne et aimable : beaucoup de mes lecteurs ont dû s’attendre que je la nommerais d’abord belle ; il est vrai, elle est belle, très-belle, et celui qui ne l’a que peu vue parlera d’abord de sa beauté ; mais comme la laideur disparait devant l’amabilité, il en est de même de la beauté. Nous ne faisons point attention aux couleurs de la rose et de la violette, pour ne nous occuper que de leur parfum, et en savourer toute la douceur. J’avais des préjugés contre madame Récamier lorsque j’arrivai à Paris ; je m'imaginais voir une coquette enivrée des hommages qu’on lui rendait, croyant être la plus belle, ne voyant et n’aimant qu’elle seule, recevant avec orgueil ces hommages qu’elle regardait comme lui