44 SOUVENIRS de bonne heure, souffre beaucoup de voyager en Suisse et en France, où l’on se lève aussi tard (1).
Cerdon. J’avoue que j'ai été agréablement sur- pris en venant de Genève ici. Je ne me doutais pas que j’y verrais des choses qui surpasseraient tout ce que j’avais vu en Suisse. L’aspect du Rhône, qui tantôt
(1) Voilà qui est très-fâcheux ; et j’espère que si M. Kolzebue devient veuf une troisième fois, et qu'il nous fasse encore l’honneur de nous visiter (car c'est toujours la mort de sa femme qui nous procure l’avantage de le voir), on voudra bien avoir égard à ses plaintes : j'espère surtout que, par reconnaissance pour les éloges qu’il leur donne, les aubergistes voudront bien mettre tous leurs soins à satisfaire un homme comme lui ; qu’un domestique restera debout près de sa chambre, et veillera toute la nuit pour prévenir ses moindres désirs, que son café sera prêt à quatre heures du matin, ou même la veille, etc. Si l'on s’avisait de manquer à tout cela, M. Kotzebue pourrait en prendre de l’humeur, et donner la préférence à un autre pays où les routes fussent moins dures, les droits de passe moins chers, les auberges meilleures, etc. Et quelle perte pour la postérité, si elle se voyait privée, par notre faute des réflexions sages, piquantes, impartiales, et surtout honnêtes, que cet auteur laisse échapper tous les dix ans de sa plume innocente !