Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/12

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mée, divisée en huit corps, devait, pour le moment du moins, ne pas constituer de groupes distincts, mais bien être dirigée par un chef suprême. Cette tâche si lourde, l’empereur seul pouvait l’assumer. En attendant qu’il arrivât à l’armée, le maréchal Bazaine fut chargé de commander les forces en train de se réunir.

Très probablement on comptait, en France, sur l’ancienne désunion des peuples allemands. À la vérité, on ne pouvait plus considérer les Allemands du Sud comme des alliés proprement dits, mais on espérait du moins qu’une première victoire remportée les condamnerait à l’inaction, voire même qu’ils se décideraient à s’allier à la France. Même isolée, la Prusse n’en restait pas moins un adversaire redoutable, disposant d’une armée supérieure ; mais on se disait que cette infériorité serait compensée sans doute par la rapidité avec laquelle on agirait soi-même.

En effet, l’idée première du plan de campagne français était de prendre l’offensive et de surprendre l’ennemi. La flotte, très forte en navires de combat comme en transports, devait être employée à jeter sur le littoral allemand un corps de débarquement considérable afin de retenir dans le Nord une partie des forces prussiennes, dont la portion principale, se disait-on, attendrait derrière la forte ligne du Rhin la première attaque des Français. Ceux-ci voulaient, en tournant les grandes places fortes allemandes, passer incontinent le fleuve à Strasbourg et en aval de cette ville, et de la sorte les forces de l’Allemagne du Sud, auxquelles fût échue la tâche de défendre la Forêt-Noire, eussent été, dès le début, isolées de celles de l’Allemagne du Nord.

Pour que ce plan eût pu être mis à exécution, il eût fallu concentrer en Alsace le gros des forces françaises. Mais le réseau des voies ferrées, tel qu’il existait, ne per-