Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des compagnies appartenant à des unités différentes se trouvèrent confondus ; à chaque nouveau renfort on s’enchevêtrait davantage, ce qui rendait fort difficile l’unité de direction pour les différents engagements. À cela vint s’ajouter que successivement trois généraux, commandants de corps d’armée, arrivèrent sur le champ de bataille, si bien que le commandement supérieur passait des mains de l’un dans celles de l’autre.

En même temps qu’on abordait l’ennemi par les flancs, le 3e bataillon du 74e régiment avait, pour l’attaquer de front, franchi, à 1 heure, sous un feu des plus meurtriers, le terrain plat et découvert en avant du Rothe Berg et, cherchant à s’abriter quelque peu, il s’était mis à couvert au pied de la paroi des rochers. Quand, à 3 heures, l’artillerie prussienne contraignit l’adversaire à faire rétrograder ses bouches à feu postées sur la hauteur, ce bataillon, ayant à sa tête le général de François, commença à gravir la paroi rocheuse. Les chasseurs à pied français, visiblement surpris de voir surgir l’ennemi, furent chassés à coups de crosse et à la baïonnette hors des tranchées-abris de la première ligne. Puis la 9e compagnie du 39e régiment apparut sur la hauteur ; le vaillant général, se plaçant à sa tête, continua d’avancer : il tomba percé de cinq balles. Mais le petit détachement se maintint opiniâtrement sur l’étroite saillie de roc dont il s’était emparé.

La lutte n’en était pas moins entrée dans une phase critique. La 14e division occupait une ligne qui avait une étendue de 5625 mètres, son aile gauche se voyait refoulée, dans la forêt de Gifert, par des forces ennemies considérablement supérieures ; l’aile droite était serrée de près par l’adversaire, à Stiering. Mais précisément à ce moment, c’est-à-dire à 4 heures, arrivaient presque simultanément