Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/446

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438 , LA, GUERRE DE l870. capitale devenait de plus en plus précaire. Depuis long- temps la population souffrait de la cherté et du manque de vivres. Les approvisionnements étaient épuisés; les vivres de réserve de la garnison méme étaient fortement enta- més. L`hiver avait été très rude, aussi manquait-on de combustible; il n’v avait plus de gaz, et [`éclairage au pé- trole était des plus insuffisants. L’ennemi avait longtemps tardé à bombarder la ville, mais a présent les habitants de la rive gauche étaient obligés de se réfugier dans les caves ou dans les quartiers moins exposés, et quand le front nord fut à son tour bombardé, les habitants de Saint-Denis affluèrent de leur côté dans la ville. La grande sortie du 19 avait échoué; il n‘6tait plus per- mis de compter sur des secours de la province depuis que Gambetta avait annoncé l'échec subi par la deuxième ar- · mée dela Loire au Mans. ll accusait l’armée de Paris d’ètre restée dans l’inaction; mais le froid, les maladies et la dé- sertion l’avaient réduite aux deux tiers de son effectif pri- mitif et les entreprises malheureuses qui avaient été ten- tées, l’avaient profondément découragée. Pour qu’on pût fournir de la viande a la population, elle avait dû céder ses chevaux; le général Trochu déclara que toute opéra- tion offensive qu’on tenterait ne donnerait aucun résultat et que, meme pour la résistance passive, toutes les res- sources étaient épuisées. Jusqu’alors le gouvernement avait su, par ses rapports ou il affectait de tout voir en beau, maintenir l’entrain et la bonne humeur de la population; mais on ne pouvait lui _ cacher plus longtemps la situation déplorable où l’on se trouvait et, dès lors, les Parisiens ne se firent pas faute de blâmer toutes les mesures prises par le gouvernement. ll y avait à_Paris une classe fort nombreuse de gens que la