Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/81

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n’avait pas tiré jusque-là, aperçut la tête de ces colonnes profondes, il ouvrit sur elles une canonnade et une fusillade d’une violence extrême. L’une des batteries perdit en un clin d’œil les servants de quatre de ses pièces et ne put être ramenée sur la lisière du bois qu’au prix d’efforts inouïs ; une autre ne put pas même se déployer. Par contre, la batterie Hasse, quoiqu’elle eût perdu 75 chevaux, et la batterie Gnügge tinrent bon à Saint-Hubert sans se laisser ébranler par le feu de l’ennemi qui les prenait à revers depuis les carrières.

Quant à la cavalerie, le régiment qui tenait la tête avait, en débouchant du défilé, fait un crochet à droite, puis il s’était déployé dans la direction de Saint-Hubert ; mais l’ennemi absolument à couvert ne présentait pas de but sérieux à une charge. Il fallut bien se dire que le terrain ne se prêtait pas, en cet endroit, à l’emploi de la cavalerie, et les régiments, au milieu desquels éclataient sans cesse des projectiles tombant de tous les côtés, rétrogradèrent par la vallée de la Mance.

Voyant que cette tentative avait échoué, les Français, déployés en tirailleurs, se portèrent en avant depuis le Point-du-Jour ; ils refoulèrent jusqu’à la lisière du bois les fractions de troupes prussiennes couchées sur ce terrain découvert. Des balles de chassepot atteignirent même le lieu où était posté le général en chef, et le prince Adalbert eut son cheval tué sous lui.

Mais des troupes toutes fraîches entraient en ligne et parvinrent à refouler l’ennemi jusque dans sa position principale. À Saint-Hubert aussi les Prussiens s’étaient maintenus avec ténacité, quoique la batterie qui y était établie n’eût plus que tout juste assez de servants pour tirer avec une pièce. Mais toutes les tentatives faites par