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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/117

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de mademoiselle Barozzi, dont nous avions fait un anarchiste. À le revoir, je me suis fortifié dans cette conviction que c’est un très brave garçon : Quelque professeur d’écriture qui n’a pas le courage de sa profession.

— Comme il fait bon ! dit Jacqueline, en respirant l’odeur de feuilles mouillées qui saturait la nuit de calme tristesse. Si nous marchions un peu ? proposa-t-elle, tentée par cette fraîcheur sapide.

– Moi, je rentre en voiture, je suis claquée, dit Maud.

— Eh bien, moi, je trotte.

— Bonsoir, alors, à demain les grands adieux… Bonsoir, mon cher ; très bonne nuit je vous souhaite.

Le ton d’ironie inutile de ces derniers mots arrêta l’attention de Jacqueline. Puis elle se dit que l’ironie était l’attitude perpétuelle de madame Simpson et qu’à la longue on s’en fatiguait. Ensuite elle se demanda si l’affection de Maud pour elle avait des racines profondes, et si elle aimait Maud. Elle reconnut que non. Même elle était assez satisfaite des organisations de voyage qui, le lendemain, allaient les séparer.

Pendant quelque temps, elle descendit sans parler le chemin où roulaient les dernières voitures. D’une portière surgit la tête de madame Marken, qui cria d’une voix sonore et agitée :

Buona sera, cara signora !

Jacqueline ne répondit pas.

— Vous voilà intime avec la petite personne. Madame Simpson avait raison, dit André.

— Je ne crois pas.

Cet incident rompit le silence.