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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/140

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chenils ; monsieur d’Audichamp ne voulait pas démarrer que tout ne fût fini. Quelle scie ! Ah ! la campagne ! J’avais une vieille amie qui disait qu’on y devient laid, sale, bête et ennuyeux ; comme c’est vrai ! Et la plaie des invités !… Ces monstres. Charmants dans la vie naturelle de Paris, et si abominables dès qu’on les enferme dans un paysage !… Tout le temps à se débiner les uns les autres, à conspirer dans les coins contre le repos des maîtres de maison. Les repas ont des airs d’embuscade, on s’attend à voir sortir un conflit de derrière chaque carafe. Moi, les jours de pluie, je rêve une Saint-Barthélemy qui me débarrasserait de tous ces animaux-là… Et puis, quand on est seuls, c’est encore pis ! Les voisins, les encroûtés, ceux qui ne bougent jamais, vous tombent dessus aux heures où on veut écrire ses lettres, se reposer… Avec ça nous avons un curé fou de politique et stupide ! et assommant — il veut apprendre au pape la manière de s’en servir. Il faut l’avoir tout le temps, à cause du maire, une espèce de quincaillier en retraite, socialiste, qui, lorsque l’abbé n’a pas dîné deux fois dans la semaine au château, fait des potins… Et les histoires de gardes et de braconniers, et les filles de ferme qui n’arrêtent pas d’être enceintes. Jamais je n’arriverai à comprendre la monomanie qui nous pousse à aller champignonner dans nos terres ! Et vous, qu’avez-vous fait, après nous avoir quittés à Bayreuth ?… Comme c’était assommant aussi cet endroit-là !…

— J’ai flâné en Allemagne, et en Grèce après.

— Avec les Moustiers, toujours ? je ne les ai pas vus encore, naturellement. Je suis là depuis une se-