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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/175

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IV


La serre était vide. Madame des Moustiers y entra et s’étendit sur un rocking-chair que cachaient les feuilles dépliées d’un grand paravent ; elle se sentait en sûreté là, on ne viendrait pas la déranger, elle pouvait tranquillement réfléchir aux choses saugrenues qui lui advenaient. Jusque-là son existence avait été comme un salon bien tenu où n’entrent que des personnages dont la situation mondaine est nettement délimitée, où ne peuvent se produire que des événements corrects, sans heurts ni bizarreries. Mais la norme de son élégante sécurité semblait rompue : rien n’était plus à sa place. Elle venait d’apprendre qu’elle était filée, surveillée, devinée par un individu équivoque qu’entouraient d’inquiétantes légendes, et le matin même, elle avait entendu la déclaration d’amour d’un homme qui n’appartenait à aucun milieu défini, qui peut-être se mêlait à des choses obscures ou atroces.