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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/189

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mais c’est à moi qu’il appartient de l’employer ; à vous, pas. Quant à me « sacrifier » vos maîtresses… l’offre est gracieuse infiniment, mais je ne veux vous être l’occasion d’aucun sacrifice. Puis, vous avez dit encore — c’est assez comique — que vous ne permettiez pas quelque chose… Quoi donc ? Ah ! oui, que notre vie soit bouleversée. Le sens du mot « permettre » m’échappe tout à fait quand c’est vous qui le prononcez. Laissez-moi vous apprendre que vous n’avez plus rien à me permettre ni à m’interdire. Vous êtes libre : moi aussi. Je ne vous fais pas de reproches ; même, je m’excuse d’avoir eu chez madame d’Audichamp un moment d’irritation, de très mauvais ton. C’est passé, comme vous pouvez voir… Oh ! je vous en prie, n’essayez pas de ce regard-là, c’est tout à fait inutile. Maintenant que je sais qu’il vous sert en ville, il ne me donne plus qu’une irrévérencieuse envie de rire… Là, nous nous sommes expliqués, laissez-moi, ce sera très aimable. Il n’y a pour vous aucun intérêt à rester. Vous ne dites que des bêtises, ce n’est pas votre faute, la situation ne comporte pas qu’on y soit spirituel. Vrai, croyez-moi : vous n’êtes pas à votre avantage… Et, si vous pouviez deviner combien j’ai sommeil !…

André avait fait quelques tentatives pour interrompre la tirade, mais elle n’y avait pas pris garde. Quand elle se tut enfin, il avait retrouvé l’air d’insolence hautaine qui lui était habituel.

— C’est bien, dit-il ; j’espère que vous ne regretterez pas de m’avoir repoussé, et de cette façon !

Il sortit. La porte refermée sur lui, Jacqueline se leva, fit un pas, tendit le bras comme si elle allait