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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/243

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furieux, ça me résonne dans la cervelle, cria tout à coup la malade d’un ton de désespoir irrité.

Sans répondre, il se jeta dans un fauteuil. Jacqueline les examinait. Le contraste entre eux était si fort qu’il était inutile de chercher le détail de leurs raisons de ne pas se tolérer. Elle, avec cette jolie tête dont sa vulgarité intime défaisait le caractère ; inharmonique, agitée, bruyante et faible, fausse d’accent, de geste ; lui, sec, souple, élégant, son front dur dessiné par les pointes de ses cheveux ras, comme par une pièce d’armure précisément ajustée, et son énergie, sensible jusque dans l’immobilité, tout cet ensemble brillant, fin et redoutable…

« Elle a l’air d’un chiffon et lui d’une épée », — songeait madame des Moustiers.

L’Italienne avait repris ses doléances :

— Regardez-le, chère madame, il est furibond, parce que j’ai dit que ça me faisait mal de l’entendre marcher… Si vous n’étiez pas là… Dieu sait ce qu’il ferait, tant il est en colère… Mais vous êtes là, il n’ose pas.

Toujours silencieux, Marken se leva et sortit de la chambre.

— Là ! Voyez-vous !

Elle oubliait son mal de tête ; dressée sur son lit, elle gesticulait dans la direction de la porte, comme s’il y avait une chance qu’un peu de sa fureur allât rejoindre Marken et lui causer quelque dommage.

— Voyez-vous ce que je vous disais ! Il est furieux ! Il feint de me mépriser. Ou plutôt, non, il me méprise vraiment. Infortunée que je suis… Et si vous