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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/281

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en retourner d’où que vous venez !… En v’là, de la charité !

« C’est vrai, pensa encore Jacqueline, je n’ai pas plus de droits sur sa liberté qu’elle sur ma compassion… Mais si, puisqu’elle souffre ! »

Au reste, elle n’avait aucune compassion, elle s’en rendait compte, mais la certitude lassante de l’inutilité de ce qu’elle faisait là, et un croissant désir de s’en aller.

— Eh bien, ne parlons plus d’asile, recommença-t-elle, et sa bonne volonté s’exprimait d’un ton plus impératif qu’elle n’eût souhaité. Je m’arrangerai. Vous aurez de la nourriture, des vêtements et du feu pour l’hiver. Vous vivrez comme vous l’entendrez… Allons, au revoir. Bon courage, je ne vous abandonnerai pas, je vous le promets.

Elle ouvrit la porte.

— Vous vous en allez comme ça, sans me donner seulement un sou ! cria la vieille avec une colère piteuse.

Jacqueline lui tendit une pièce de dix francs.

— Tenez, et ce soir vous aurez un bon dîner, fit-elle.

— Ah ! merci, tout de même, vous êtes une bien. brave dame. Et qui donc qui me donnera à dîner ?

— Je vais m’en occuper. Ne vous inquiétez pas.

— Mais pourquoi que vous ne me donnez pas l’argent ? Je saurais bien acheté mon manger moi-même.

— C’est ça que vous achèteriez, dit Jacqueline en désignant les débris du litre, et il ne faut pas : ça vous rend malade… Au revoir, maintenant. Je reviendrai voir comment vous allez.