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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/288

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lades qui semblent écouter la mort circuler au profond d’eux-mêmes suivant le trajet d’une douleur terrible.

— Est-ce que monsieur Hansen est à Paris en ce moment ? demanda Jacqueline après un silence.

Elle avait de nouveau renversé sa tête sur les coussins, et ses yeux erraient au plafond.

Léonora eut un petit sursaut.

— Je ne l’ai pas vu depuis dix jours.

— Pourquoi ne m’as-tu pas dit qu’il était ici ?

— Pourquoi te l’aurais-je dit ? Il y a des mois que tu n’as prononcé son nom. Je supposais que tu ne pensais plus à lui.

— Oh ! si. J’y pense souvent… Comment se fait-il que vous restiez si longtemps sans vous voir ? Je croyais que vous vous rencontriez tous les jours, quand vous habitiez la même ville…

— C’était ainsi autrefois.

— C’est différent. Pourquoi ?

— Il n’y a pas de raison précise… J’ai beaucoup à faire, lui aussi… Il écrit un livre de doctrine sur l’anarchie… Et puis il est si changé…

— Mieux ?… Plus mal ?

— Très assombri. La vie ne lui a pas donné ce qu’il en attendait. Ça ne lui constitue pas un cas bien original, d’autant qu’il n’a jamais compris ses véritables tendances.

— C’était… quoi, ces tendances-là ?

— Tais-toi, un moment… Qu’est-ce qu’on crie dans la rue ?

— Les nouvelles du soir.

Elles écoutèrent.