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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/300

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— Nous trompions notre impatience en disant du mal de vous, fit-il.

Et il lui baisa la main.

— C’est toujours imprudent de se faire attendre, répondit Léonora. J’étais allée voir des amis qui avaient annoncé leur arrivée à Paris, je les ai trouvés et ils m’ont retenue.

Jacqueline s’assit. La cessation de l’angoisse rompait sa volonté.

— Ils étaient nombreux, ces amis ? interrogea André avec un sérieux soudain.

— … Les vrais amis ne sont jamais en nombre.

— Ma question vous déplaît ? Excusez-moi. Vous savez que je suis passionnément curieux de tout ce qui vous touche.

— Jacqueline, donne-moi à boire, veux-tu ? je meurs de soif, dit Léonora d’un ton d’entrain un peu forcé.

Madame des Moustiers se leva et vint près de la table à thé.

— Tu veux du citron ? dit-elle ; je te demande pardon d’être si inhospitalière ; je suis fatiguée, ce soir, nerveuse : la chaleur me détraque.

— Oui, tu n’as pas bonne mine. Je vais te laisser. Moi aussi, je suis éreintée. Ça va être bon de dormir, solidement, comme font les gens qui ont l’esprit tranquille.

Elle avait pesé sur ces dernières paroles.

— En effet, dit André, un peu narquois, je vois que vous êtes rassurées toutes les deux.

— À quel propos ? demanda Jacqueline.

— Ah ! voilà ce que j’ignorerai, sans doute,