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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/327

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La messe était finie ; on sortait de l’église. Quand ils furent dans le parc :

— Vous avez accepté que je vous aime, dit Marken, c’est au moins ce que j’ai compris ; mais il faut que j’en tienne de vous la confirmation.

— Avant d’accepter, je veux savoir à quoi je m’engage, dit-elle d’une voix nette. Qu’espérez-vous de moi ?

— Autant que je donne… Tout ! Vous avez mis votre main sur ma vie : elle est vôtre.

— Mais comprenez-vous que je ne puis et ne veux être pour vous qu’une amie ?

— Vous serez ce qu’il vous plaira d’être. Je ne souhaite que vivre contre vous, vous voir, sentir par secondes que vous regrettez un peu que le sort ne nous ait pas rejoints complètement… Rien de plus… Et d’ailleurs, je vous aime bien trop pour vous désirer.

Jacqueline, le cœur suspendu, songea à Léonora. Qu’eût-elle dit de cet amour exalté au delà du désir ? Quel noble hommage lui faisait ce sensuel, ce corrompu ! Elle ne répondit rien pour ne pas interrompre, au bruit des mots, sa joie secrète. Seulement, elle pesa davantage sur le bras d’Étienne, le pas mieux accordé au sien, émue, presque jusqu’aux larmes de se sentir adorée avec le cœur neuf et tremblant d’un enfant par cet homme sur qui la vie avait déposé tous ses oxydes.

Les incidents du déjeuner sous les arbres, du bal champêtre, des conversations coupées par les musiques qui éclataient dans toutes les directions, passèrent devant la songerie de Jacqueline sans laisser de trace.

Vers quatre heures, l’envie de s’en aller s’abattit