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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/345

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eu l’avantage d’analyser les affres de l’agonie et de ne pas mourir pourtant.

— Adressez vos reproches à madame des Moustiers, mon cher maître ; elle m’a ordonné d’aller vite, et ce n’est pas à vous que j’apprendrai qu’on ne discute pas ses ordres.

— Évidemment, dit le chimiste qui éternuait comme un maniaque ; c’était d’ailleurs charmant, mais vous m’excuserez si je prends un honnête fiacre pour rentrer chez moi.

— Ne restez pas là, sauvez-vous, fit Jacqueline d’un ton câlin. Je suis pleine de remords ! Ne manquez pas de m’écrire demain pour me dire si vous êtes enrhumé.

– Je pourrais peut-être vous le dire moi-même si vous ne partez que le soir ?

— Non ; je prends le train de dix heures du matin… J’ai tant de choses à faire avant l’arrivée de mes invités ! Adieu, cher ami, écrivez surtout !

Barrois arrêta un fiacre qui passait et y monta. Jacqueline sonnait à sa porte. Ses cheveux libérés par le grand vent ondulaient en larges plis autour de sa figure pâle qui, avec cette coiffure défaite et l’anxiété mal apaisée de son regard, avait une ardeur inhabituelle, comme si ce plaisir qu’elle venait de goûter laissait en elle un écho et l’appétence d’émotions plus fortes encore.

La porte s’ouvrit, Marken dit de son accent volontaire :

— Demain… Vous ne changerez pas d’avis ?

— Non… non… Pourquoi changerais-je d’avis ?

— Oui, c’est vrai… Pourquoi ?

Elle le regarda encore une fois et vit dans ses yeux