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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/363

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retrouva la conscience d’elle-même, comprit. Sa fière résolution des heures précédentes se réveilla, elle fit un effort pour dégager ses bras. Cette défense acheva de bouleverser Étienne ; il se leva, et, la rejetant au fond de la bergère, il appuya sa bouche sur la sienne.

Jacqueline avait retrouvé son énergie ; elle libéra une de ses mains, repoussa brutalement le visage de Marken et, d’un effort de tous ses muscles, elle lui échappa, se mit debout en disant d’une voix dure :

— Assez, n’est-ce pas ?

Il avait une mauvaise figure. Jacqueline, indignée d’être confuse et hors d’elle-même, cherchait par quelle parole efficace elle restaurerait sa dignité. Ce fut lui qui parla :

— Excusez-moi. J’ai un peu perdu la tête… J’ai cru que vous partagiez mon émotion… Vraiment, je voudrais vous persuader que vous n’êtes pas seule à me trouver ridicule. Vous oublierez vite tout cela, j’espère. Venez, nous allons sortir d’ici et, à la porte, nous reprendrons chacun sa route. Je ne vous importunerai pas… On peut être un imbécile sans être un gêneur. Vous n’aurez jamais plus l’occasion de me parler comme à un valet irrespectueux. Et je garderai la mémoire de vous comme on garde un poison dans son sang… jusqu’à ce qu’on l’élimine !

Il avait repris l’avantage ; elle vit la sincérité de sa résolution et qu’il était capable de se détacher d’elle. Elle était résolue à ne pas lui appartenir, mais elle ne voulait pas le perdre.

— Il y a un malentendu entre nous, dit-elle avec hésitation. J’ai accepté de vous accorder cette journée