Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/399

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musique, n’est-ce pas, que vous allez passer des heures entières dans sa chambre ? Allons donc !

Il se leva et marcha par la pièce. Léonora vint auprès de lui :

— Écoutez, dit-elle d’une voix que les larmes commençaient à enrouer, vous ne devez pas me faire une injure pareille, vous ne devez pas… ce n’est pas possible. Jamais je n’ai eu d’amour pour Erik ; il en a eu pour moi, un moment, c’est vrai, mais il a attendu pour m’en parler d’être épris d’une autre femme… je vous jure… et il y a longtemps déjà… Je vous en supplie, dites que vous me croyez.

Il la regarda avec colère.

— Non, je ne vous crois pas. Je sais, je sens que vous aimez. J’ai une trop bonne raison d’en être certain.

— Laquelle ?

— Ma douleur.

— Mais…

Elle se tut. Sa magnifique figure était complètement décolorée et immobile. Ils restaient face à face, les yeux pleins de questions.

— En voilà assez, dit André avec violence, je suis las de cette contrainte… Vous saurez, quelles que doivent être les conséquences… J’ai deviné votre amour, parce que je vous aime. À certaines heures, ma rage de savoir que vous appartenez à un autre est telle que j’ai songé à me tuer… Là, vous savez maintenant !

— Dieu ! dit Léonora.

Elle eut un geste vague de ses deux mains vers lui ; il les prit et l’attira.