Aller au contenu

Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— le battement des artères de son cou gênait sa parole, — expliquez-moi clairement ce qui est advenu dans votre vie, et dont vous semblez me rendre responsable.

— Ah non ! mon Dieu !… Grâce à vous, j’ai eu l’heure d’illusion parfaite qui suffit pour que je ne demande pas davantage. Vous n’êtes coupable de rien. Nous ne pouvions pas nous rejoindre ; nos races sont trop lointaines. J’ai la tête pleine des rêvasseries du Nord, je suis chimérique, impropre à l’action… votre sang latin est vif, si vif ! Il crée les instincts changeants, le goût de la joie et de l’harmonie, l’horreur de ce qui pèse, de ce qui dure trop… Qu’aviez-vous à faire de moi ? Rien ! Vous m’avez jugé, vous avez passé… Quel droit ai-je même à la bonté qui vous a menée ici ?

— Mais pourquoi dites-vous cela ? C’est abominablement injuste. C’est vrai, que je me suis trompée, pas sur vous, certes, mais sur moi-même, lorsque je suis allée vous trouver, il y a deux ans ; et je n’ai jamais oublié, je n’oublierai pas la générosité et la noblesse dont vous avez témoigné. Aujourd’hui comme alors, je suis votre amie, de toute mon âme, et prête à vous le prouver. Vous êtes déçu, malheureux ; confiez-vous à moi, je vous consolerai, j’en suis sûre… Qui peut empêcher que nous nous voyions souvent encore, affectueusement, tendrement ?…

— Tout. D’ailleurs, quand vous saurez ce que j’ai à vous dire… ce qu’il faut que je vous dise, vous sortirez d’ici en hâte, sans retourner la tête, avec du dégoût, de l’horreur, et la peur rétrospective que quelqu’un de votre monde, traversant cette salle, ait pu me voir auprès de vous.