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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/86

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Mademoiselle Barozzi lui posa la main sur l’épaule, d’un geste vif et tendre.

— Pardon, fit-elle très doucement. Si je l’avais su, tu n’aurais entendu de moi rien qui pût te blesser ! Mais pourquoi ne m’avoir pas parlé de cela d’abord ?

— Parce que, dès les premiers mots échangés, tu as été si cruelle pour moi que je n’ai pas eu le courage de mêler ce souvenir-là au mal que tu me faisais.

— Pauvre petite ! Oui, tu as raison, j’ai été mauvaise. Je ne savais pas… Je te croyais prise tout entière par des frivolités, inconsciente, satisfaite dans un mariage banal…

— Dis, Léo, qu’appelles-tu un mariage banal ? Et qu’est-ce qu’un mariage qui serait autrement ?

— Les unions sacrées se fondent sur le sentiment de légalité, le goût du respect et le désir du sacrifice, répondit mademoiselle Barozzi d’un accent singulier qui hésitait.

Ils étaient arrivés devant le théâtre ; M. des Moustiers et madame Simpson, qui sortaient du restaurant, s’approchèrent.

Maud, toute vêtue de bleu pâle, ajustée avec une exquise précision, salua mademoiselle Barozzi assez dédaigneusement, et, prenant la face-à-main qui pendait à sa taille au bout d’une chaîne de perles, examina Hansen. Elle possédait le secret de cette insolence dans l’attitude qui établit comme mécaniquement les distances sociales. À ce moment, il était visible qu’elle tenait à faire partager au jeune homme l’immense étonnement, un peu choqué, qu’elle éprouvait de se rencontrer avec lui dans un voisinage si immédiat.