XIV
L’ÉPIPHANIE
(6 janvier)
L’Épiphanie se célèbre en souvenir d’un quadruple miracle. C’est en effet ce jour-là que les mages ont adoré le Christ, que saint Jean a baptisé le Christ, que le Christ a changé l’eau en vin, et qu’il a rassasié cinq mille hommes avec cinq pains. Et cette fête porte quatre noms : 1o elle s’appelle Épiphanie, en souvenir de l’étoile que les mages aperçurent au-dessus d’eux ; 2o elle s’appelle Théophanie, parce que, le jour du baptême du Christ, la Trinité divine apparut tout entière, le Père dans la voix, le Fils dans la chair, le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe ; 3o elle s’appelle Béthanie (de Beth, maison), parce qu’aux noces de Cana Jésus montra sa divinité dans une maison ; 4o enfin elle s’appelle Phagiphanie, en souvenir du jour où le Christ a nourri cinq mille hommes avec cinq pains. Mais nous devons ajouter que l’on doute que ce quatrième miracle se soit accompli ce jour-là : car saint Jean nous dit que « le temps de la Pâque approchait ».
Au reste, le premier de ces quatre miracles est celui que l’Église célèbre tout particulièrement ; de telle sorte que nous n’aurons à nous occuper ici que de lui. Donc, treize jours après la naissance du Christ, trois mages vinrent à Jérusalem. Leurs noms étaient, en grec, Appellius, Amérius, et Damascus ; en hébreu, Galgalat, Malgalath et Sarathin ; en latin, Gaspard, Balthasar, et Melchior. Ces trois mages étaient des sages, et en même temps des rois ; car le mot mage, qui signifie imposteur et sorcier, a aussi le sens de « homme très savant ».
On peut se demander pourquoi ces mages vinrent à Jérusalem, puisque ce n’était point là que le Christ était né. Remi en donne quatre raisons : 1o les mages